Une drôle de trouvaille

Une étendue cotonneuse et grisâtre avait recouvert le ciel dans la matinée. Seuls quelques rayons éclatants réussissaient à percer ce manteau de brume, venant caresser la fourrure de la meneuse. Assise devant son antre, le museau pointer vers l'auréole de lumière, elle battait lentement l'air du bout de sa queue, montrant qu'elle était toujours attentive à ce qu'il se passait. Alors, Papillon Blanc arriva, posant un regard interrogateur sur celui de sa Chef. Cette dernière pencha légèrement sa tête, attendant que le guerrier explique sa venue :

▶ Etoile du Soir ! Te voilà ! J'ai voulu ramener des proies au camp pour que tout le monde mange à sa faim,et je suis tombé sur un solitaire avec des graves blessures,et je l'ai un peu soigné. Il était sonné. Je l'ai mis à l'abri,et je suis venu comme tu le vois pour que tu me donnes des conseils sur ce que je dois faire à présent. Devrais-je emmener l'inconnu chez nous ?


La femelle observa Papillon Blanc, ce chat avait un grand coeur, elle se rappelait avoir jouer avec lui alors qu'il était à la Pouponnière, et elle-même apprentie... Ils s'amusaient tellement. Mais ce temps était passé,... elle pensait d'un esprit nostalgique, pourtant, sa vie d'aujourd'hui était magnifique, et la jeune chatte l'appréciait énormément aussi. Peut-être était-ce ces souvenirs, de rires, de jeux, qui faisait que la meneuse aimait tant la présence des chatons, les comprenait tant. Etoile du Soir chassa ces pensées de sa tête, et miaula d'un ton doux et ferme comme chaque fois qu'elle s'adressait à un chat en usant de ses capacités de meneuse :

▶ Bonjour Papillon Blanc. Je sais que tout ça partait d'une bonne intention, mais amener un inconnu dans le Clan... sans que je sache ni qui et comme est-il... je ne peux pas courir ce risque pour mes chats. Je vais d'abord demander à Plume de Lion de veiller sur le camp, et j'irais voir ce félin seule. Je suivrais le chemin que tu as emprunté. Peux-tu aller prévenir notre lieutenant que je reviendrais le plus vite possible ? Oh, et merci d'être venu si rapidement.

Elle vit une lueur d'incompréhension dans les yeux de son guerrier, avant qu'il ne parte prévenir le Lieutenant, comme elle le lui avait demandé quelques instants auparavant. La meneuse voulut le rejoindre pour lui expliquer le simple fait qu'elle ai peur pour son Clan, mais son âme de chef lui criait de venir s'assurer que le chat en question n'était pas dangereux le plus vite possible. Etoile du Soir s'engouffra alors dans l'étroit tunnel de ronces, prenant soin de s'y glisser sans qu'aucune de ses épines, chétives soient-elles, ne se plantent pas dans son pelage. Elle sentit alors sous ses pattes le sol terreux, propre au camp, se tapisser d'une couche de feuilles mortes et d'aiguilles de pin, donnant un aspect de la forêt, moelleux et familier à la jeune chatte.
Les traces qu'avaient laissé Papillon Blanc, la menèrent à un buisson, surmonté d'un jeune chêne dont les pieds étaient recouverts d'une étendue de fougères. L'odeur âpre de la peur mêlé à celle du sang monta au museau de la chef, et elle pu alors évaluer la situation de l'inconnu : un chaton blessé. La crainte d'Etoile du Soir s'évanouit, et elle s'approcha alors doucement des fourrées où gisait la petite. Les yeux écarquillés par la terreur, le chaton émit un faible miaulement, elle ne semblait pas l'avoir remarqué; juste avoir sentit quelque chose. La meneuse se mit à ses côtés, et l'observa d'un regard doux et rassurant, regardant par la même occasion, l'état de la féline. Etoile du Soir lui miaula alors, doucement, lui caressant légèrement le flan du bout de sa queue :

▶ N'aie pas peur... Chhht, chhht... Calme-toi, je ne te veux aucun mal, simplement une réponse. Ou disons, peut-être plusieurs. Elle lui sourit, puis reprit. Mais pour le moment, je ne pense pas que tu sois dans la meilleure situation possible, je me trompe? Allez, calme-toi...

▶ D'accord...Mais qu'allez vous faire de moi? Ne me tuez pas je vous en pris...

Etoile du Soir observa le chaton, d'un regard amusé, puis vit l'épuisement prendre le dessus sur son esprit. Elle émit un minuscule miaulement, qui se voulait sûrement être un appel au secours d'après l'intonation de sa voix, puis, comme si ce dernier son avait vider toute son énergie, la petite s'évanouit. La meneuse s'approcha du corps de la maigre féline, vérifiant son pouls, inquiète; son coeur battait, à une vitesse effroyable, mais il battait. Les grimaces qu'elle faisaient, semblait montrer qu'elle voulait bouger, se débattre.

▶ Calme-toi... Tout va bien se passer, ça va aller ça va aller...

chuchota Etoile du Soir, pressant un morceau de mousse humide sur son museau, trouvé sur le tronc de l'arbre sous le quel les deux chattes étaient couchées. Elle lui rappelait Nuit d'Orage... la meneuse avait retrouvé cette dernière dans les mêmes circonstances, malgré le fait qu'elle avait été accompagnée d'autre guerriers : perdue, apeurée et blessée. La jeune chatte fit alors ce qu'elle avait fait pour sa Guérisseuse, elle prit le chaton entre ses dents, la souleva doucement, et entreprit de rentrer au camp pour la remettre sur pattes. Certes, ses chats n'accepteront peut-être pas, tous, l'arrivée d'un autre étranger sur leur territoire, mais elle savait qu'ils approuveraient sa décision si elle s'expliquait correctement. De toute façon, peut-être que la petite choisira de repartir du Clan, et vivre une autre vie que celle qu'allait lui proposer la chef, dans ce cas-là, elle aura l'interdiction de revenir mettre les pattes sur leur territoire.
Etoile du Soir arriva alors aux ronces, et s'y glissa.

[HS : On continue dans le Camp. ]